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Compte rendu du Débat de quartier sur la Pension de famille


Les Pensions de familles : Quel hébergement pour les exclus du logement ?

La réunion commence par un tour d’horizon critique sur les dispositifs existants qui sont destinés à l’accueil des exclus du logement. Puis l’intervention de Raphaëlle Betton de la Fédération nationale des associations de la réinsertion sociale (Fnars) : un exposé sur les pensions de famille ainsi que les résultats d’un groupe de réflexion sur les pensions de famille.

Sabine :
- il existe des dispositifs d’urgence qui visent à abriter et à fournir une première orientation (centres d’hébergement d’urgence, dortoirs de crise, hébergement à l’hôtel par le samu social), on y reste d’une nuit à une semaine ;
- il existe des dispositifs d’hébergement temporaire qui propose, en plus du simple toit, un suivi social (hébergement à l’hôtel par des associations, centre d’hébergement et de réinsertion sociale), les personnes y restent de 2, 3 mois à 6 mois, un an ;
- il existe des résidences sociales, des hôtels sociaux où on peut être hébergé normalement jusqu’au relogement, dans ces structures là, les personnes n’ont pas besoins d’un suivi social ;
- on s’aperçoit de plusieurs choses : tous ces dispositifs sont saturés, de ce fait ont émergé des critères de sélections bien trop sévères pour une population en difficulté qui demande un épaulement (il faut un projet de vie pour entrer en CHRS, la précarité seule ne suffit pas comme argument) ;
- en créant des “dispositifs” d’aide et de soutien on est obligé de créer des catégories, or ce sont justement ces catégories là qui fabriquent l’exclusion ;
- des personnes tout à fait aptes de vivre dans un logement autonome, occupent des places dans des centres d’hébergement parce qu’il n’y a pas assez de logements sociaux ;
- beaucoup de personnes en attente d’un logement, cela dure parfois dix ans, il faut que ce soit possible de vivre dignement pendant cette attente ou bien il faut inventer de nouvelles façons de vivre en ville ; déstigmatiser le fait de vivre en hôtel meublé ; est-ce que les pensions de famille peuvent apporter des solutions ?

Raphaëlle :
- depuis un appel à projet “pensions de famille” en avril 97, un certain nombre ont été créé en France et à Paris ;
- il s’agit d’un logement résidentiel, d’un logement durable non définitif, d’un habitat alternatif ;
- le nom pension de famille tenait compte de l’importance de la notion de famille pour une population souffrant notamment de ruptures familiales, le nom évoque aussi Balzac (Le père Goriot) ; pas d’obligation de garder cette appellation ; il y a en général un couple d’hôte pour animer la structure ;
- il s’était révélé important de créer des lieux sans durée limitée, sans contrat d’insertion (6 mois d’hébergement avec suivi social ne suffisent pas pour se réintégrer dans la société après avoir vécu dans la rue pendant 5 ans) ;
- dans une pension de famille on a le temps de se poser, de souffler et de réfléchir à ce qu’on veut faire et devenir ;
- c’est une structure qui accueille les personnes n’ayant pas envie d’aller dans un logement classique (bien des personnes ne restent finalement pas dans un HLM, même après avoir attendu très longtemps pour l’obtenir, parce qu’elles ne supportent pas l’isolation dans un logement autonome) ;
- type de personnes accueillies : personnes sans lieu d’habitat à la sortie de l’hôpital psychiatrique, à la sortie d’une maison d’arrêt, après une longue période d’errance ; personnes atteintes d’une maladie ou d’un handicap léger, personnes ayant de faibles ressources, populations se trouvant dans un cercle vicieux ;
- il se révèle important de mixer les populations pour donner de la richesse à la collectivité, assurer un brassage ;
- les habitants d’une pension de famille ont le statut de résidents et non pas d’hébergés ;
- idéal sont des petites structures accueillant entre 5 et 25 personnes ;
- en général il y a des espaces privatives et collectives (salles communes, salle de restauration, salles accueillant des projets communs)
- chaque pension a son règlement intérieur (qui autorise des visites par exemple) ;
- il n’y a pas de travailleurs sociaux ;
- il n’y a pas d’assistanat, mais plutôt une présence, un accueil, l’idée de l’hôte qui s’occupe (avec les résidents) de l’entretien, du lien avec le quartier, de l’animation, l’hôte doit savoir gérer des situations difficiles, il doit connaître les relais sociaux sans être trop marqué “travailleur social” ;
- la notion de quartier est importante, l’environnement, l’implantation (des pulsions de l’extérieur doivent pouvoir venir enrichir la vie dans la pension de famille) ; quelle fonction peut-elle avoir dans le quartier ?, sens ? ;
- statut : résidence sociale ; financement : APL-foyer pour les locataires et PLA-TS pour le bâti ; la question du financement est à approfondir après parution d’une circulaire sur les pensions de famille (qui régira le fonctionnement, le projet social, le financement).

Débat :

Eric :
problème du statut de locataire, les personnes sont expulsables, il faudra les protéger contre ce risque. Aussi existe-t-il le risque, dans certains centres d’hébergement, d’obliger les hébergés à travailler dans la structure pour avoir le droit d’y rester.

Catherine :
dans une collectivité il faut aussi avoir des recours contre une personne qui “fout la merde” ; il faut distinguer “travail gratuit” de préparer à manger ensemble.

Eric :
problème d’exploitation dans les prisons ou dans les CHRS, alors que l’APL donne un statut.

Didier :
il faut un fonctionnement démocratique, assurer un droit de réserve, choisir si on veut s’engager ou non dans la vie collective.

Muriel :
est-ce que n’importe qui peut créer une pension de famille et y appliquer le règlement qu’on veut, quel statut ?

Raphaëlle :
on ne peut pas expulser les résidents d’une pension de famille, ces derniers bénéficient d’une protection spécifique.

Jean-Paul :
statut est important, il faut effectivement déterminer qui est exclu pour quelle raison. En quoi le travail est forcé dans certains centres ?

Eric :
éviter le dérapage vers une entreprise de l’hébergement et de l’insertion. Il existe un centre d’hebergement à Paris avec blanchisserie industrielle (les hébergés trouvent effectivement un travail mais il s’agit d’un travail indigne et contestable). Il faudrait revoir l’utilisation des chambres de bonne.

Catherine :
l’hôte ne doit pas avoir le pouvoir, il faut instaurer un fonctionnement démocratique au sein du groupe. Il y a eu beaucoup de pensions de famille aux Etats-Unis, pendant les années 30. C’était une formule qui a sauvé beaucoup de ménage après la dépression économique. Raphaëlle : on est libre de créer une structure spécifique se basant sur les notions de démocratie, respect, sans hiérarchie.

Bruno :
Quelle fonction aura cet hôte ? Salarié, quel financement ? Sacerdoce ?

Raphaëlle :
Il existe un financement, 50 F par mois par habitant plus APL (allocation personnalisée de logement). C’est un rôle à définir entre logistique et soutien.

Après cet échange de questions et de réponse, la discussion aborde plusieurs thèmes qui prennent plus ou moins de place et qui restent pour l’instant sans réponse définitive :

1/ Est-ce qu’il faut mélanger les problématiques ?
A priori oui. Mixité des générations et des catégories (cela a un effet restructurant). Il faut définir les proportions des problématiques.

2/ Comment gérer des problèmes d’alcoolisme ?
Il s’agit d’une maladie qu’il faut traiter dans un cadre définit par des professionnels.

3/ De quelle population parlons-nous ici ?
C’est aussi un choix délibéré de vivre dans une pension de famille. Ce sont des volontaires qui décident d’y vivre et ce non seulement pour des raisons de précarité. Il faut redéfinir ce qu’on entend par réussite sociale.

4/ Quel quotidien dans une pension de famille ?
Il faut réussir l’équilibre entre liberté et confiance pour que la collectivité fonctionne. Il faut que les gens puissent s’inscrire dans un projet selon ce qu’ils désirent ce qui les responsabilise. Il y a une différence entre aide et assistance.

5/ D’où viennent les gens ?
Choisir des personnes du quartier pour donner une dimension locale mais rester ouvert à des populations mouvantes. Importance de réserver une chambre d’urgence (ce qui donne des pulsions de vie en plus de la stabilité). Provenance de la rue, d’un CHRS, d’un logement après rupture familiale ou conjugale.

Fin de ce débat :

1/ Tout est effectivement à faire, à imaginer. Ce qui est certain : nous-mêmes donnerons la couleur à ce que nous allons créer.

2/ Plusieurs personnes veulent aller visiter des pensions de familles déjà existantes (à Paris ou en banlieue) pour mieux les connaître (éventuellement prendre un repas avec les résidents, s’ils le veulent).

3/ Présenter le projet aux Ateliers populaires d’urbanisme “Redessinons Broussais” travaillant actuellement sur l’aménagement des terrains et locaux de l’hôpital Broussais. A creuser : des projets d’auto-réhabilitation à Broussais dans ce contexte là.

Agenda :
Prochaine réunion du groupe logement : mardi 19 février, à 20h30, chez Sabine, (tél : 01 40 44 81 92).

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