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La grande histoire de Bauer-Thermopyles / 5


Didot-Thermopyles : projet alternatif aux propositions de la Ville de Paris soumises à enquête publique du 8 janvier au 9 février 2001

Le projet urbanistique et paysager

Ce qui a été initié

Les fêtes organisées à Plaisance depuis 1996 sont “supportées” par une poignée d ’habitants qui, tout au long de l’année, mettent leurs appartements à la disposition des organisateurs afin d’organiser les activités et animations décrites dans le volume 1. Elles sont accueillies à la fois dans la rue des Thermopyles et les cours privatives des copropriétés de la rue.
Une cour en particulier, transformée en “jardin des fêtes” depuis quatre ans permet d ’accueillir les manifestations les plus importantes des fêtes.
Un panneau de basket y a été installé depuis deux ans et permet à quelques enfants de venir se défouler une heure après la classe avant de rentrer chez eux.
Enfin, en fond de cette cour, un jardin potager participatif créé sur l’initiative des habitants, permet à une quinzaine d’enfants de participer chaque mercredi après-midi depuis le mois de mars jusqu’au mois de juin à une activité pédagogique en plein air.

La fragilité

On l’a vu tout ceci est d’une extrême fragilité. C’est à bout d’énergie que ces projets sont portés et encadrés. Ils ont été un formidable facteur de création de lien social dans le quartier. La demande croissante de la population ne permet plus de continuer dans les mêmes conditions. Même si les fêtes à Plaisance resteront toujours populaires et s’organiseront dans la rue, il ne sera bientôt plus possible aux acteurs actuels de fournir pendant de nombreuses années l’effort de disponibilité, d’ingéniosité et d’ouverture dont ils ont fait preuve. Il est primordial d’alléger la tâche de ceux qui prennent sur leur temps et leur espace pour permettre la réussite de ces projets.

Comment continuer ?

Afin de pérenniser les animations organisées par les habitants eux-mêmes et encouragées par l’association Urbanisme & Démocratie ainsi que par quelques copropriétés de la rue des Thermopyles, nous soumettons à la Ville de Paris les propositions suivantes, illustrées par un plan et une vue d’ensemble.
Les propositions d’aménagement qui suivent se situent depuis le n°2, rue des Thermopyles et en suivant, les n° 4,6,8, jusqu’aux n°13 et 15, rue de Plaisance, ainsi que dans la totalité de la rue des Thermopyles. Elles sont inspirées des enquêtes menées par l’association ces dernières années (dont on trouvera un extrait en annexe) et enrichies des remarques faites depuis, tant parles habitants que les organisateurs des fêtes passées.

1ère proposition
(au niveau actuel du n° 2, rue des Thermopyles)
implanter un jardin potager et paysager participatif

La copropriété du 30-32 rue Didot et 2-4 rue des Thermopyles serait expropriée des parcelles des n"2 et4 à l’exception d’une bande de six (6) mètres de large au droit de l’immeuble sur cour du 30, rue Didot. Cette bande de six mètres, partant depuis la rue des Thermopyles jusqu’en fond de parcelle (au dos du 5-7, rue de Plaisance) mesurerait environ 130m² et resterait donc "partie commune" de ladite copropriété.
Une autre partie de la parcelle, après ces six mètres et jusqu’au droit du jardin de la parcelle du 9,rue de Plaisance (soit environ neuf (9)mètres) accueillerait le jardin potager et paysager participatif D’une surface d’environ 22O m2, îl permettrait d’accueillir deux classes d’élèves des écoles alentour. A la lumière de l’expérience acquise, nous préconisons un jardin où plantes potagères et plantes à fleurs se côtoieraient. En effet, certains enfants sont plus intéressés par l’une ou l’autre variété et nous n’envisageons pas de les séparer mais au contraire de les faire jardiner ensemble. Enfin, nous savons que certaines fleurs éloignent les insectes prédateurs ou hébergent plus facilement des "auxiliaires naturels"au jardinier (comme les coccinelles qui mangent les pucerons par exemple).
À noter que depuis que nous avons créé le petit potager actuel, nous sommes “assaillis” de demandes d’institut-eurs-rices afin de pouvoir développer ce type d’activité dans le secteur. À noter aussi, que malgré nos demandes répétées,la Ville de Paris n’a pas prévu une telle activité dans le square en cours d’aménagement et entre la cité Bauer et la rue des Thermopyles et que le potager prévu lors du réaménagement du square Chanoine Viollet ne permettra qu’à une seule classe du quartier de s’y épanouir. Enfin, dans ce square Chanoine Viollet, il n’est pas prévu d’associer plantes potagères et plantes à fleur.

2ème proposition
(au niveau actuel d’une partie du 2, rue des Thermopyles, et toutes les parcelles du 4 -6-8 de la même rue)
Aménager une “place des fêtes arborée”

À l’exemple de ce qui a été aménagé par les habitants sur l’actuel “jardin des fêtes”, nous proposons un équipement le plus simple possible qui permette, sans beaucoup de frais ni de préparation, d’organiser des manifestations festives ou culturelles pour le quartier. Il s’agit de créer une sorte de “place de village”, ouverte sur la rue, arborée et pouvant accueillir ces animations. Elle pourra être cimentée, en terre battue ou pavée selon les désirs des habitants et les possibilités de réalisation de la Ville. L’essentiel étant que sa surface soit plane pour pouvoir y monter des “stands” de type marché ou y organiser des repas ou bals de quartier. Elle mesurera environ 600 rnl et aura une forme de “L” depuis la fin du 2, rue des Thermopyles jusqu’au " “coude”" de la rue (au droit du n’10). Cette place débouchera en fond de parcelle des n"l3-15 rue de Plaisance et sur les équipements qui sont décrits ci-après. D u côté de la rue des Thermopyles, elle donnera directement sur le futur terrain de boulles que la Ville de Paris est en train d ’aménager.
Sur cette place, on veillera à ne pas planter d ’arbres dans le prolongement de l’axe médian des parcelles 13-15 rue de Plaisance, afin de pouvoir y placer un projecteur les soirs de “cinéma en plein air”. La plupart du temps, cette place (qui devra être dotée de bancs) servira de coin de repos et de lecture aux passants et aux habitants.

3ème proposition
(au niveau actuel du 13-15 rue de Plaisance)
Aménager un local associatif et une cour dotée d’équipements sportifs

Le besoin en locaux associatifs est réclamé par toutes les associations du quartier depuis 1996. En 1998, un centre social de 1150m² fermait ses portes à proximité du secteur étudié et privait les associations de salles de travail, réunion et spectacle en aggravant le manque de locaux. Aucun équipement n’a remplacé ces salles. Il parait donc opportun de profiter des terrains laissés libres par un projet de grand jardin qui n’a malheureusement jamais vu le jour [1], pour aménager ici un petit équipement de quartier répondant aux besoins exprimés.
Depuis trois ans, l’association, seule ou en partenariat avec d’autres associations du quartier (Télé Plaisance, La Page et le comité Attac 14e) organise des séances de cinéma en plein air dans l’actuel “Jardin des fêtes”. Ces projections ont tout de suite emporté l’adhésion du public qui nous propose aujourd’hui des thèmes ou des films amateurs peu ou jamais montrés. L’équipement proposé devra donc permettre la poursuite de cette activité.
Enfin, le manque d’équipements sportifs accessibles aux enfants après l’école est criant dans le secteur, Seul un terrain de basket (qui doit être prochainement démonté) est accessible à proximité. Les autres équipements sont situés rue Vercingétorix (800m) ou aux abords du boulevard périphérique (2 km), après avoir traversé des rues ou avenues à grande circulation. Aucun parent n’autorise ses enfants à faire ce chemin seul après l’école. Un équipement récréatif et sportif de proximité résoudrait ce problème.

En front de rue de Plaisance, nous proposons donc d’édifier un immeuble R+1+C (sur un niveau de sous-sol) répondant aux besoins en locaux(envrron5l0m) sur trois niveaux plus 80m) sous combles). Ces locaux seraient gérés par du personnel de la Ville de Paris qui organiserait la répartition de l’espace et de l’emploi des salles en fonction des besoins des associations et des priorités fixées par le chef de projet “Politique de la Ville”. Le sous sol permettrait de stocker le matériel des associations, le rez-de-chaussée une salle polyvalente (environ 130 m2) plus sas d’entrée, et accueillerait sanitaires local technique ; le premier étage quelques salles de travail et les combles quelques bureaux.
Le mur “sud” de l’édifice devrait être aveugle (seulement deux sorties de secours sur les côtés du bâtiment) afin de pouvoir y fixer un grand écran et organiser les projections en plein air depuis la “place des fêtes”.
À l’est de la parcelle du n°15, nous proposons d’aménager un passage d’environ trois mètres de large permettant d’accéder à la “place des fêtes” depuis la rue de Plaisance. Ce passage permettra aussi d’accéder plus facilement au square en cours d’aménagement, de renforcer la circulation piétonnière dans le secteur et ainsi, de le sécuriser.
En fond de parcelles (entre cette future construction et la “place des fêtes” précédemment décrite), nous proposons d’aménager un équipement récréatif et sportif accessible aux enfants après l’école et en week-end. Il s’agirait d’un terrain recouvert d’un tapis bitumeux et équipé d’une cage de hand-ball et d’un panneau de basket. Il mesurera environ 170m² et répondra aux besoins exprimés par les parents et leurs enfants lors des enquêtes menées en 96-97 et 98-99 par l’association.Ce terrain “sportif” sera donc accessible depuis le local et pourra servir de “cour” répondant aux besoins de certaines animations (fêtes d’écoles, spectacles de fin d’année d’associations de théâtre, peinture murale ou autre). Dans sa partie sud, ce terrain de sport sera équipé de cadres grillagés mobiles qui pourront être rabattus sur les côtés lors des €tes de quartier et du cinéma en plein air. Ainsi, ce terrain de sport pourra accueillir les premiers rangs de spectateurs lors des projections en plein air (le projecteur étant situé du côté de la rue des Thermopyles sur la “place des fêtes” à peu près dans l’axe de la ligne médiane actuelle entre les n°13 et 15, rue de Plaisance). Le reste des spectateurs se placera sous les arbres de la “place des fêtes” et de part et d’autre du projecteur.

4ème proposition
(la totalité de la rue des Thermopyles)
Garantir la pérennité des fêtes de rue et de quartier

Aujourd’hui la rue des Thermopyles est une voie privée ouverte à la circulation publique. Cette rue est intimement liée à l’histoire du quartier.
L’habitat y est modeste et ouvrier. Pendant longtemps elle a été un lieu privilégié pour organiser des fêtes de rue ou de quartier. Jusqu’au début des années 80, des bals s’y déroulaient selon l’envie des habitants et l’on venait de Vanves, Montrouge ou Malakoff pour “guincher aux Thermopyles”. La transformation du quartier dans les années 70 et 80 a profondément changé la donne. Outre le traumatisme causé à la population par les destructions et expulsions, le quartier a changé de composante sociologique. Les habitants les plus modestes n’ont pu résister à la flambée des loyers et des populations plus aisées ont pris leur place. Il a fallu une bonne dizaine d’années à cette nouvelle population pour s’approprier l’histoire de ce quartier et s’y intégrer. Depuis le début des années 90, plusieurs initiatives ont vu le jour pour éviter que les derniers représentants de l’histoire (parfois héroïque) du quartier ne soient expulsés et évincés de ce coin de Paris qui a accompagné une grande partie de leur vie.
Dans la rue des Thermopyles et les rues voisines ont retrouve donc d’anciens habitants, mémoire vivante des pages d’histoire du quartier, une population plus aisée arrivée dans les années 80 et des ensembles d’immeubles dits “cités” construits à la fin des années 70. C’est toute cette population qui a décidé d’abord d’enjoliver la rue (pavés, glycines, réfection des grilles et façades...) et, depuis1996, de redonner vie au quartier en organisant une fête à chaque changement de saison. Ces fêtes sont attendues par tous, tout au long de l’année et sont devenues un formidable outil de cohésion sociale. Il ne se passe pas de mois (voire de semaine à partir des beaux jours) sans que notre association soit sollicitée pour impulser une nouvelle activité. Le manque de locaux ces dernières armées nous a conduits à animer le quartier depuis la rue elle-même. Nous nous sommes rendus compte que c’était le meilleur espace pour intégrer toutes les composantes de la population sans que personne ne se sente gêné. Dès que le temps le permet, nous organisons des ateliers en plein air, dans la rue même. Nous n’envisageons pas de ne plus pouvoir utiliser la rue comme vecteur de rencontres à l’occasion de la préparation des fêtes. Les locaux que nous espérons nous permettront de mieux planifier leur préparation (nombreux jours de pluie) et de stoker le matériel. Pour nous, ils doivent être un prolongement naturel de la rue et non l’inverse.
Cette rue est donc un tout : depuis la partie la plus habitée (côté rue Raymond-Losserand) jusqu’à la rue Didot elle symbolise la renaissance d’une vie de quartier que les plus vieux d’entre nous craignaient d’avoir vu disparaître [2]. Elle est aujourd’hui intimement associée au “Jardin des fêtes”. Il serait inconcevable pour la population du quartier d’y implanter un projet faisant voler en éclat ce qui se construit peu à peu depuis dix ans.
Si la Ville prenait en gestion la partie de rue comprise entre la rue Didot et le “coude” de la rue, il n’y aurait plus possibilité de continuer à animer ainsi le quartier. Cette portion de rue, peu habitée, fait “contrepoids” à celle débouchant sur la rue Raymond-Losserand et les deux parties ne font qu’un : l’unité, la fraternité retrouvée à chaque fête. La gestion de la rue par les habitants telle qu’elle est faite actuellement, permet l’échange, la construction d’un projet commun ainsi que le travail en commun (désherbage, entretien des glycines, plantations, décoration des façades mais aussi apéritifs entre voisins, jeux de carte ou d’échecs, peintures murales et préparation des fêtes). Amputer la rue porterait un coup fatal à l’engouement qui l’a fait renaître voilà plus de dix ans. Ce serait faire violence aux habitants.
Nous proposons donc à la Ville de ne pas changer le statut de la rue et, en tant que copropriétaire, de participer comme tout un chacun à ce qui fait son charme en contribuant aux quelques dépenses que les habitants engagent pour la rendre agréable à tous.


[1] Depuis 1977, la Ville de Paris a exproprié puis détruit ce quartier dans le but d’y implanter un jardin de 6300m² eu égard au manque d’espaces verts dans cette zone.

[2] Nombreux sont ceux qui craignent que le projet de la Ville ne dénature le caractère de la rue. Ils pensent que la partie que veut réaménager la Ville “finira” comme l’ancienne partie de la rue des Thermopyles de l’autre côté de la rue Didot (l’actuelle rue Olivier Noyer).

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