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Rapport 2005 de l’observatoire des Conseils de quartier /5


Conclusions et suggestions

Les C.Q., après 4 ans de fonctionnement (dont une année des nouveaux C.Q.), se trouvent en situation de crise, au sens initial du terme, c’est-à-dire le point où il y a possibilité de basculement :

  • soit vers un lent déclin par désintérêt et lassitude de la population, des membres et des élus , qui constatent beaucoup d’efforts et peu de résultats ou des résultats longs à venir ;
  • soit un renouveau et une réelle dynamique montrant que la démocratie participative, que veulent illustrer les C.Q., est un moyen d’intéresser à nouveau les habitants à la vie de la cité et que, sans se substituer à la démocratie représentative, elle lui sert d’aiguillon.

- Les évolutions constatées au cours de cette première année des nouveaux C.Q. comportent des indices permettant de confirmer les deux hypothèses et illustrent une évolution de plus en plus contrastée des 6 C.Q.

- Une baisse tendancielle de la participation aux C.Q., et ceci dans tous les collèges et dans l’assistance du public. Mais dans le C.Q. le plus dynamique, la participation des membres et du public est régulière, voire en augmentation (82 pour le public et 20 membres de C.Q. en moyenne à Jean Moulin/Porte d’Orléans).

- Un très faible intérêt des élus de la majorité (ou, au moins, ressenti comme tel par les habitants) et encore plus de l’opposition, pour les C.Q. À quelques exceptions près (le maire, 3 élus pour leurs domaines spécifiques, une adjointe de quartier).

- La grande difficulté d’élargir le champ des personnes intéressées. Sur 2 C.Q. interrogés par les étudiantes de Sciences Po., le public qui participe est âgé, diplômé, déjà impliqué dans le vie politique, syndicale et associative. Peu de jeunes (sauf ceux tirés au sort et qui souvent se retirent, pas d’étrangers). On ne dépasse pas 1% de la population potentielle.

- Dans certains C.Q., absence de projets mobilisateurs, une fois que certains thèmes ont trouvé une solution (PLU, piétionnisation de la rue Daguerre, ZAC Alésia Montsouris...). Mais certains thèmes mobilisent une partie de la population (Antennes relais, propreté, actions de convivialité comme concerts et bals à Mouton Duvernet), ou ciné club (Pernety et Didot/Porte de Vanves). Dans d’autres C.Q., on observe de multiples thèmes et des commissions actives.

- Un scepticisme croissant dû à la non résolution ou résolution très partielle de certains problèmes signalés depuis plus de 3 ans : information déficiente (affichage très réduit, site de la Mairie du 14e non opérationnel, panneaux et compte-rendus difficilement disponibles, 4 pages d’explication non réalisé), formation réduite (seulement ½ journée pour quelques membres des C.Q.), procédures budgétaires complexes rendant, aux yeux des responsables des C.Q., impossible l’utilisation du budget d’investissement, rôle mal défini et très limité des adjoints de quartier...

- L’impression contrastée exprimée par différents conseils de quartier (être instrumentalisé ou, au contraire, être écouté) traduit probablement une maturité différentes des C.Q. Quand on sait où on va, on a moins de chances d’être manipulé.

Les constats et suggestions peuvent être récapitulées dans le tableau suivant  :

1.- Une population peu informée
Constats : Même si le nombre de courriers invitant aux réunions publiques sont non négligeables (de 350 à 850 selon les C.Q.), une petite expérimentation de quelques panneaux associatifs avec parfois une partie C.Q. et quelques initiatives des C.Q. (affiches chez les commerçants, distribution de tracts au métro, permanences dans la rue piétonne...), l’information reste insuffisante. On annonce cependant pour 2006, au minimum 5 panneaux par C.Q. et un nouveau webmaster pour le site de la mairie.
Avoir une stratégie d’information (Mairie et C.Q.) avec supports multiples.
Courriers, affichages publics (nécessité d’une véritable négociation avec les C.Q. sur les emplacements), compte-rendus disponibles à la mairie, site amélioré, affichage chez les commerçants, tracts, permanences... utilisation de relais (écoles, associations, fêtes..).

2.- Une population peu intéressée
Constats :
  • Beaucoup de gens sont venus une fois, mais ne sont pas revenus.
  • Des gens intéressés mais ne pouvant se faire entendre (ordres du jour chargés, élus trop longs...).
  • Thèmes traités jugés non prioritaires, trop “localistes", ou trop politiques.
  • Des militants associatifs, syndicaux ou politiques jugent plus utile de travailler dans un autre cadre.
  • Jeunes, étrangers non communautaires, classes “populaires” non présents.
  • Lieux peu accueillants, nouveaux horaires (19h30/21h30) et conditions matérielles (sono) pas toujours satisfaisantes.
  • Des personnes nouvelles peu accueillies.
  • Réunions pas toujours bien animées (style parfois trop autoritaire, débats parfois confus, parole monopolisée...).
Élargir la population intéressée.
Diversifier thèmes et modes d’action.
  • Améliorer le fonctionnement des réunions :
  • Formation [1] des membres des C.Q. à l’animation,
  • Équilibre entre exposés et débats + questions ouvertes du public.
  • Prévoir l’accueil des nouveaux participants.
  • Salle préparée à l’avance avec sono correcte.
  • Diversité des thèmes traités avec certains thèmes mobilisateurs (PDP, propreté) éventuellement inter-quartiers par exemple bus).
  • Au-delà des réunions publiques, groupes de travail et aspects festifs (concerts, bals, ciné-club..).
  • Contacts spécifiques avec jeunes, parents d’élèves, tissu associatif.
  • Trouver des thèmes qui concernent les jeunes, les habitants des logements sociaux.. (les segments de population non présents aux C.Q.).
  • Utiliser des modalités nouvelles d’animation (film court, vidéo..).

  • 3.- Une population non convaincue
    Constats :
    • Une forte minorité (souvent bruyante) estime que, dans les C.Q., la consultation est faussée (les décisions sont déjà prises) ou manipulée.
    • Désintérêt des élus, sauf sur les sujets de leur compétence.
    • Vœux peu suivis ou avec beaucoup de retard.
    • Budget d’investissement jugé impossible, car procédures compliquées.
    • Le public, intéressé, se trouve dépossédé de tout pouvoir [2] par les membres du C.Q., sauf dans certains C.Q. où un vote, à titre consultatif, est organisé.
    • Le nombre de personnes présentes aux réunions publiques n’est pas mentionné dans certains C.Q.
    Développer une réelle capacité d’influence, en connaissance des contraintes.
  • Réaliser un 4 pages, expliquant le rôle respectifs C.Q., Mairie 14e, Mairie de Paris, services techniques, préfecture de police (demandé depuis 2003).
  • Repenser le dispositif d’appui de la mairie (un élu référent par C.Q. ?) et une réelle présence des élus nommés au C.Q.
  • Une communication régulière sur les voeux (outre le conseil d’arrondissement), selon le type de vœux (de la part de la Mairie et des C.Q.).
  • Tester les budgets d’investissement en distinguant plusieurs situations (avis ou non des services techniques, dépendance ou non des marchés de la ville de Paris..) et en faire un bilan pour, éventuellement, changer les procédures (au niveau de Paris).
  • Tester jusqu’au bout deux ou trois concertations (ex : PDP, propreté, budget participatif..) avec explications à donner si avis de la population non suivis.
  • Permettre au public, hors membres des C.Q., de s’exprimer et encourager la participation aux groupes de travail, ouverts à tous. Favoriser la participation des membres de la liste complémentaire.

  • 4.- Divers
    Procédures de renouvellement des C.Q. , notamment interprétation de l’article 9 (les 4 absences concernent les réunions publiques et les bureaux élargis) pour le collège habitants et nouveaux représentants pour acteurs socio-économiques, associations et élus.

    Pour terminer, quelques remarques complémentaires [3] :

    - Les conseils de quartier offrent une opportunité pour améliorer le fonctionnement actuel de la démocratie et ne pas réduire les citoyens à des électeurs périodiques. “Ces instances devraient être des lieux de parole et de projets partagés animés par des acteurs de la société civile mais en dialogue avec la représentation politique. Elles pourraient ainsi constituer des relais très efficaces de la vitalité d’une véritable démocratie délibérative” (page 81).

    - Mais les C.Q. et leurs 30 membres, ne doivent pas être considérés comme un échelon intermédiaire supplémentaire. Ils doivent permettre “à toutes celles et à tous ceux qui habitent, travaillent ou exercent une activité dans le 14e... de participer à la prise de décisions qui les concernent... de favoriser une citoyenneté active” (cf. préambule de la Charte des conseils de quartier).

    - “On ne participe durablement à la vie publique que si l’on dispose d’un pouvoir permettant de prendre part au processus de décision et, par là, de peser sur les choix qui concernent les conditions de vie de chacun” (page 44).

    - Élus et habitants doivent prendre en compte les transformations profondes des systèmes actuels de décision qui sont de plus en plus à multi acteurs et à multi échelles. “La décision publique est un processus impliquant la pluralité des compétences et des approches” (page 49). On peut parler de “pouvoir partagé” ou de “citoyenneté emboîtée”. Ceci exige un changement de regard et de pratiques des élus (qui ne perdent pas leur pouvoir en le partageant), des habitants et des autres acteurs.

    - Les conseils de quartier doivent partir des problèmes locaux mais ne doivent pas s’y enfermer. “Le conseil de quartier est un moyen essentiel d’écoute et de gestion de la proximité. L’oublier se traduirait rapidement par la perte de substance de cette instance. Mais on ne voit pas pourquoi celle-ci devrait limiter son action au plan immédiat ; bien des questions qui relèvent de la gestion au niveau de la ville (transports, hôpital, gestion des déchets, etc.) concernent d’une manière très sensible la vie quotidienne de l’habitant” (page 91).

    25 novembre 2005

    I.- renouvellement des Conseils de quartier
    II.- participations quantitative et qualitative
    III.- fonctionnement des Conseils de quartier
    IV.- rapports avec la mairie
    annexe

    [1] Le besoin de formation est souvent exprimé dans les entretiens. Si le mot peut rebuter certains présidents ou membres, on peut parler d’information ou de discussions pour améliorer le fonctionnement.

    [2] Le préambule de la Charte précise que les C.Q. sont ouverts à tous et “ont pour objectif de leur permettre de participer à la prise de décision qui les concerne. Ils visent à favoriser une citoyenneté active, au plus près du lieu de vie ou d’activité de chacun”.

    [3] inspirées partiellement du dernier livre de Serge Depaquit “Renouveler la démocratie... oui, mais comment ?”, ADELS, novembre 2005, 153 pages.

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