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Lettre ouverte au Maire de Paris


Paris, le 4 mars 2004

Lettre ouverte à M. Bertrand Delanoë,
Maire de Paris

Monsieur le Maire,

Compte tenu du bilan de votre équipe à mi-mandat, l’Association Urbanisme & Démocratie ne fêtera pas le 18 mars le troisième anniversaire de votre élection à la mairie de Paris. Notre association, qui n’a cessé depuis 1993 d’informer et de mobiliser les habitants du 14ème arrondissement afin de les faire participer à toutes les décisions concernant leur cadre de vie - sans tomber pour autant dans le “Nimbysme” -, constate à regret que votre “Pari-s de la démocratie locale” n’est pas gagné à ce jour.

Donner la parole à chacun, entendre les habitants et les associer aux décisions de la Cité, enrichir notre action collective par un débat permanent avec tous les citoyens : autant d’enjeux démocratiques essentiels que nous tentons de faire vivre concrètement”, écriviez-vous encore en juin 2003 dans une brochure à propos de ce “Pari-s”-là. Or, en matière de démocratie locale, votre équipe municipale et en particulier celle de Pierre Castagnou dans le 14ème arrondissement, semblent surtout rester fidèles à la devise et à l’emblême de la Ville de Paris, tant nous avons l’impression d’être menés en bateau et, par dessus le marché, en étant obligés de beaucoup ramer !

Certes, de nouvelles instances, comme les “Conseils de Quartier”, le “Conseil de la Jeunesse” et un bureau du Comité d’initiative et de consultation de l’arrondissement (Cica), ont vu le jour dans le 14ème depuis 2001 et fonctionnent (sauf le bureau du Cica, en raison du manque de suivi de la part de la municipalité), quand bien même elles mériteraient de jouer un plus grand rôle, d’obtenir de réels moyens et d’être promues davantage auprès de la population. En revanche, la tournure prise par certains groupes dits de “concertation” démontre la désinvolture, voire le mépris, avec lesquels la municipalité traite les associations de terrain qui consacrent énormément de temps et d’énergie pour élaborer et défendre des projets collectifs.

Dans le dossier Broussais par exemple, l’expression “démocratie locale” sonne particulièrement creux. Depuis 2000, le Collectif Redessinons Broussais (CRB), dont fait partie Urbanisme & Démocratie, a recensé les besoins et attentes des habitants, puis formulé des propositions visant au réaménagement global du site de l’hôpital Broussais après le transfert de nombreux services vers l’Hôpital européen Georges-Pompidou. Ces propositions, qui privilégient la création d’une “coulée verte” continue entre les rues Didot et Raymond-Losserand via la dalle-parking de Broussais, n’ont toujours pas trouvé d’écho. Pire, le CRB a découvert que le projet d’aménagement de voirie soumis à la concertation à l’automne 2003, avant une enquête publique prévue à l’automne prochain, était en réalité beaucoup moins précis que le plan des services de la voirie joint au permis de construire accordé à la Croix Rouge française pour l’implantation de son nouveau siège social et de son école d’infirmières dans trois bâtiments de l’ancien hôpital. Autrement dit, les vraies décisions ont semble-t-il précédé la “concertation” : de qui se moque-t-on ? Si la “démocratie locale” tourne au théâtre de guignols, il ne faudra plus compter sur les associations pour servir de marionnettes.

Les associations, mais aussi les habitants et artistes de l’arrondissement, n’en reviennent toujours pas d’avoir été abusés, huit mois durant, par la mairie du 14ème au sujet d’une autre “concertation”, autour d’un projet de création d’un espace musical ouvert sur le quartier (incluant un lieu d’exposition, des studios d’enregistrement et de répétition, ainsi qu’un pôle multimédia), sur le site de La Bélière, le piano-bar de la rue Daguerre sauvé en 2001 de la démolition grâce à la mobilisation des riverains et des associations. C’est seulement en novembre dernier, à la veille des Deuxièmes “Etats généraux de la démocratie locale et de la vie associative” - un comble ! - qu’on a appris avec colère et stupéfaction que tout ce travail collectif était vain dès lors que la Ville de Paris avait déjà décidé, plusieurs mois auparavant, d’implanter la future Maison des Associations du 14ème à La Bélière, sans consulter les militants associatifs sur le choix de cet emplacement. Quant aux musiciens, aucune véritable solution de rechange ne leur a été proposée.

Du reste, la “Maison des Associations”, promise dans chaque arrondissement en 2001, ne sera installée à La Bélière qu’à l’automne 2005, c’est-à-dire malheureusement bien tard pour plus d’un millier d’associations dont l’activité est parfois déjà amputée voire interrompue en raison de la pénurie criante de locaux dans le 14ème. En effet, 4 000 mètres carrés de locaux associatifs ont disparu depuis 1998 suite à la fermeture de plusieurs structures, en particulier au Nord du quartier Plaisance. En guise de “compensation”, et malgré l’existence de nombreux locaux vides dans le 14ème, seulement deux salles de 100 m2 et certains préaux d’école ont été mis à disposition par la mairie afin que les 397 associations inscrites au Cica puissent se réunir et organiser des activités et/ou des réunions publiques. Nous attendions donc avec impatience l’ouverture à l’été de 280 m2 de locaux associatifs près de la Zac Didot, dans le “Château Ouvrier” (qui a été préservé et réhabilité grâce à la mobilisation des habitants et des militants associatifs), lorsque nous avons été informés qu’ils seraient livrés “bruts de décoffrage”, sans sanitaires ni électricité, ni financement supplémentaire pour leur aménagement ! Quant au futur café associatif de la Zac Didot, dont le projet est porté depuis le début par Urbanisme & Démocratie, on nous propose sans rire un loyer de 12.000 euros par an (150 euros/ m2/an) !

Enfin, que dire de l’affichage associatif ? En dépit des promesses diverses et avariées - concernant notamment la place Flora-Tristan que vous inaugurez justement le 8 mars - l’installation de panneaux avec affichage libre reste un vœu pieu dans le 14ème.

Dans ces conditions, vous comprendrez, Monsieur le Maire, qu’on se prend à rêver de vous voir un jour attribuer les mêmes moyens que “Paris Plage” et la “Nuit Blanche” au vivier associatif, soi-disant partenaire et rompu quotidiennement aux animations précaires, dans des lieux insolites et en extérieurs... Les associations méritent mieux car, grâce à leurs activités, elles participent à la création et au renforcement du fameux lien social que vous appelez de vos vœux.

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